L'alliance éternelle

Chapitre 37

Israël, un peuple missionnaire

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Quand Dieu envoya Moïse pour sortir Israël d'Égypte, Son message au Pharaon fut: "Israël est Mon fils, Mon premier-né. Je te dis: Laisse aller Mon fils, pour qu'il Me serve; si tu refuses de le laisser aller, voici, Je ferai périr ton fils, ton premier-né" (Ex. 4:22, 23); et Il les conduisit et leur donna les terres des païens [nations], "afin qu'ils gardassent Ses ordonnances, et qu'ils observassent Ses lois" (Ps. 105:44 et 45). Le grand avantage des Juifs sur les autres peuples étaient "que les oracles de Dieu leur ont été confiés" (Rom. 3:1 et 2). En fait, ils ne reçurent pas les "oracles vivants" (Act. 7:38) dans toute leur puissance vivante –si tel avait été le cas, leur avantage aurait été infiniment grand-, mais ce ne fut d'aucune manière la faute de Dieu. Nous n'étudierons pas maintenant ce qu'Israël eut et fut, mais ce qu'il aurait pu posséder et ce qu'il aurait été.

Deux choses ont toujours été certaines: c'est que "nul ne vit pour lui-même" (Rom. 14:7), et que "Dieu ne fait point acception de personnes" (Act. 10:34); et ces deux vérités combinées, en donnent une troisième: Quand Dieu accorde un don avantageux à quelqu'un, c'est pour qu'il l'emploie au bénéfice des autres. Dieu désire que tous puissent profiter des bénédictions qu'Il concède à une personne ou à un peuple. Quand Il promit la bénédiction à Abraham ce fut pour qu'il soit une bénédiction, et que par lui, toutes les familles de la terre soient bénies. Dieu libéra Israël selon la promesse faite à Abraham. Donc, le dessein divin était qu'il fasse connaître à d'autres peuples cet avantage incommensurable, afin qu'ils en jouissent aussi.

Dieu voulait que Son nom soit connu de toute la terre (Ex. 9:16). Son désir d'être connu de tous était aussi fort que d'être connu des enfants d'Israël. Connaître l'unique vrai Dieu est "la vie éternelle" (Jn 17:3); aussi, quand Dieu se révéla Lui-même à Israël, Il lui montra le chemin de la vie éternelle –l'Évangile-, afin qu'il puisse proclamer ce même Évangile à d'autres. La raison pour laquelle Il se fit connaître d'abord à Israël est qu'il était, pour ainsi dire, plus proche que les autres peuples. Le souvenir, parmi les Juifs, de la relation que Dieu avait eue avec Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, ainsi que leur foi, faisaient de lui un peuple plus accessible. Dieu le choisit, non parce qu'Il l'aimait plus que les autres, mais parce qu'Il aimait tous les hommes, et parce qu'Il voulait se faire connaître par les agents les plus proches. L'idée qu'à une époque Dieu fut exclusif et gardait les bénédictions et la vérité pour un peuple spécial, déshonore énormément Son caractère. Il ne laissa jamais les païens sans témoignages à Son sujet, et là où Il put trouver un homme ou un peuple qui acceptait d'être employé par Lui, Il l'acceptait immédiatement à Son service afin de pouvoir se révéler Lui-même pleinement.

La proclamation de l'Évangile à l'Égypte

L'Évangile est la puissance de Dieu pour le salut, et puisque qu'à la libération d'Israël de l'Égypte il y eut des manifestations de la puissance de Dieu, il est évident que l'Évangile fut proclamé avec plus d'intensité que jamais auparavant. Les paroles de Rahab, la prostituée païenne, témoignent des effets de cette proclamation. Quand les deux espions arrivèrent dans sa maison, à Jéricho, elle les cacha et leur dit:

"L'Éternel, je le sais, vous a donné ce pays, la terreur que vous inspirez nous a saisis, et tous les habitants du pays tremblent devant vous. Car nous avons appris comment, à votre sortie d'Égypte, l'Éternel a mis à sec devant vous les eaux de la Mer Rouge, et comment vous avez traité les deux rois des Amoréens au delà du Jourdain, Sihon et Og, que vous avez dévoués par interdit. Nous l'avons appris, et nous avons perdu courage, et tous nos esprits sont abattus à votre aspect; car c'est l'Éternel, votre Dieu, qui est Dieu en haut dans les cieux et en bas sur la terre" (Jos. 2:9-11). Alors, elle les pria, et ils lui promirent sa libération.

"C'est par la foi que Rahab, la prostituée, ne périt pas avec les rebelles, parce qu'elle avait reçu les espions avec bienveillance" (Héb. 11:31). Son sort aurait pu être celui de n'importe quel autre habitant de Jéricho, s'il avait exercé la foi comme le fit Rahab. Tous, possédaient la même information que cette femme, et comme elle, ils savaient que "l'Éternel, votre Dieu, qui est Dieu en haut dans les cieux et en bas sur la terre". Mais la connaissance n'est pas la foi. Les démons savent qu'il y a un Dieu, mais ils n'ont pas la foi. Rahab fut disposée à se soumettre aux demandes de Dieu, et à vivre comme une personne de plus parmi Son peuple, tandis que ceux qui l'entouraient dans son pays ne le furent pas. Elle est l'évidence que Dieu sauve les personnes, non parce qu'elles sont bonnes, mais parce qu'elles sont disposées à devenir bonnes. Jésus fut envoyé pour nous bénir, pour nous séparer de nos iniquités. Cette pauvre femme païenne, de mauvaise réputation, capable de mentir sans perdre sa contenance et sans aucun sentiment de culpabilité, avait une notion plutôt déficiente de la différence entre le bien et le mal; cependant, Dieu la reconnut comme un membre de Son peuple parce qu'elle ne rejeta pas la lumière mais y chemina, dans la mesure où elle la reçut. Elle crut, pour le salut de son âme. Sa foi l'éleva au-dessus de l'atmosphère pécheresse qui l'entoura, et la plaça sur le chemin de la connaissance. Il est impossible de trouver une plus grande preuve que Christ n'a pas honte de reconnaître même les païens comme Ses frères, que le fait qu'Il n'eut pas honte d'avoir l'un d'eux, une prostituée pour plus de précision, enregistré dans Sa propre généalogie selon la chair (Mat. 1:5).

La sollicitude de Dieu envers tous les hommes

Mais le point principal de cette référence à Rahab est que Dieu ne s'était pas limité au peuple juif. Dès l'instant, où un habitant idolâtre de Canaan aurait été disposé à reconnaître Dieu, il aurait fait parti du peuple de Dieu. Il ne s'agit pas simplement d'une théorie, l'implication étant que la promesse faite à Abraham incluait le monde entier et pas seulement la descendance de Jacob, mais elle a une conséquence pratique, car elle console et élève. Elle nous montre combien le Seigneur est patient, "ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance" (2 Pier. 3:9). Elle nous montre l'empressement avec lequel le Seigneur répond à la moindre inclination à Le rechercher, en employant cette impulsion pour attirer encore plus près de Lui l'âme errante. Il souffle avec soin sur cette étincelle afin d'en faire croître la flamme. Son oreille toujours tournée vers la terre, est en alerte pour capter le murmure le plus faible, afin que le cri presque inintelligible, la première impulsion depuis la profondeur la plus basse, soient instantanément entendus et reçoivent une réponse.

Les prêtres de Dieu

Si le peuple d'Israël était resté dans l'alliance faite par Dieu, il aurait été un royaume de sacrificateurs, ce qui démontre que le plan de Dieu pour Israël fut la proclamation de l'Évangile au monde entier. Ils devaient tous être des prêtres de Dieu. L'œuvre d'un prêtre est expliquée dans Malachie 2:5-7, où Dieu dit à Lévi:

"Mon alliance avec lui était une alliance de vie et de paix, ce que Je lui accordai pour qu'il Me craignît; et il a eu pour Moi de la crainte, Il a tremblé devant Mon nom. La loi de la vérité était dans sa bouche, et l'iniquité ne s'est point trouvée sur ses lèvres; il a marché avec Moi dans la paix et dans la droiture, et il a détourné du mal beaucoup d'hommes. Car les lèvres du sacrificateur doivent garder la science, et c'est à sa bouche qu'on demande la loi, parce qu'il est un envoyé de l'Éternel des armées".

Éloigner les hommes de la méchanceté est l'œuvre de Christ par Sa résurrection; donc, l'œuvre de l'authentique prêtre est de prêcher simplement l'Évangile, proclamer le Sauveur vivant en qui demeure la loi parfaite qui convertit l'âme. Mais comme les enfants d'Israël devaient être des prêtres, et donc versés dans la loi, il est évident qu'ils devaient être des prêtres en faveur des autres. S'ils avaient accepté la proposition divine et s'ils s'étaient maintenus dans l'alliance divine, au lieu d'insister sur ce qui était à eux, ils n'auraient pas eu besoin d'une prêtrise pour leur faire connaître la loi de la vérité et de la paix; tous auraient été libres (Jér. 31:34); mais l'œuvre du prêtre et d'enseigner la loi, donc, il est évident que le dessein de Dieu en sortant Israël d'Égypte, était qu'il aille prêcher l'Évangile au monde entier.

Comme cette tâche aurait pu être facile et rapide, appuyé par la puissance de Dieu. La renommée de ce que Dieu avait fait pour eux en Égypte les aurait précédés, et en avançant avec cette même puissance, ils auraient pu prêcher l'Évangile dans sa plénitude aux personnes déjà disposées à l'accepter ou à le rejeter. En laissant leurs femmes et leurs enfants en Canaan, et partant deux par deux, comme plus tard Jésus le ferait avec Ses disciples, il leur aurait fallu très peu de temps pour apporter l'Évangile jusqu'aux coins les plus reculés de la terre. Si les ennemis avaient mis leur progression en danger, un seul en aurait poursuivi mille, et deux en auraient mis dix mille en fuite (Deut. 32:30). C'est-à-dire que la puissance de la présence de Dieu même avec deux personnes seulement les auraient fait paraître aux yeux de leurs ennemis comme dix mille hommes, et personne n'aurait osé les attaquer. De cette manière, ils auraient pu développer l'œuvre de la prédication de l'Évangile qui leur avait été assignée, sans crainte d'en être empêchés. La terreur que leur présence aurait provoquée chez ceux qui s'opposaient à eux, montre la puissance que la proclamation du message aurait eu dans les cœurs ouverts pour recevoir la vérité.

Avançant ainsi revêtus du plein pouvoir de Dieu, il n'aurait pas été nécessaire de revenir une seconde fois sur le même terrain. Tous ceux qui auraient entendu, auraient pris position pour ou contre la vérité; et ces décisions auraient été définitives, puisque lorsqu'une personne rejette l'Évangile prêché dans sa plénitude, c'est-à-dire, sous la plénitude du pouvoir de Dieu, il n'y a plus rien à faire pour elle, vu qu'il n'existe aucune puissance supérieure à celle de Dieu. Donc, après la traversée du Jourdain, quelques années ou peut-être quelques mois, auraient suffi pour prêcher l'Évangile au monde entier, comme témoignage à toutes les nations.

Évidences de l'impartialité de Dieu

Mais Israël n'a pas répondu à sa grande vocation. L'incrédulité et la confiance en soi les privèrent du prestige avec lequel ils entrèrent dans la terre promise. Ils ne permirent pas que leur lumière brillât, et avec le temps, ils en vinrent eux-mêmes à la perdre. Ils se contentèrent de coloniser Canaan au lieu de prendre possession de toute la terre. Ils supposaient que Dieu leur avait donné la lumière parce qu'Il les aimait plus que les autres, ce qui les fit s'exalter et mépriser les autres. Cependant, Dieu ne cessa de leur dire qu'ils devaient être la lumière du monde. L'histoire des Juifs, loin de montrer que Dieu ne s'était pas limité à ce peuple, démontre qu'Il tenta par tous les moyens de les employer pour faire connaître Son nom aux autres. Voyez le récit de Naaman le Syrien, quand il fut envoyé au roi d'Israël pour être purifié de sa lèpre; la veuve de Sarepta, vers laquelle Élie fut envoyé. La reine de Séba vint de loin pour connaître la sagesse de Salomon. Jonas fut envoyé, plutôt contre sa volonté, pour avertir les Ninivites, qui se repentirent après sa prédication. Lisez les prophéties d'Ésaïe, de Jérémie et d'Ézéchiel, et vous verrez les nombreux appels qui sont faits aux diverses nations. Elles démontrent qu'à cette époque, comme aujourd'hui, Dieu n'était pas seulement le Dieu des Juifs mais aussi celui des Gentils. Quand finalement Israël refusa d'accomplir la mission pour laquelle il avait été appelé, Il l'emmena en captivité afin que les païens puissent connaître de Dieu ce que les Israélites n'avaient pas voulu partager volontairement avec eux. Là, quelques âmes fidèles présentèrent clairement la vérité à Nébucadnetsar, le roi païen qui finit par reconnaître humblement Dieu, et publia sa confession de foi par toute la terre. Le roi Cyrus aussi, et d'autres rois perses, firent connaître le nom du vrai Dieu au monde entier par des édits royaux.

Réunis en un seul troupeau

Nous voyons donc, qu'il n'y avait rien que Dieu désirait plus que le salut des païens qui entouraient les Juifs, et non seulement ceux qui étaient proches, mais tous les autres, vu que les promesses n'étaient pas seulement pour les Juifs et leurs enfants, mais aussi "pour tous ceux qui sont au loin" (Act. 2:39; És. 57:19). Le fait qu'Abraham, la tête des Juifs, fut lui-même un Gentil qui reçut la sécurité d'être accepté par Dieu, sans même être circoncis, pour qu'il soit "le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût aussi imputée" (Rom. 4:11 et 12), démontre que Dieu ne fit aucune différence entre Juifs et Gentils. Dieu fut toujours autant disposé à accepter des personnes païennes, qu'Il le fut quand Il appela Abraham d'entre eux. Quand Christ vint, Il déclara qu'Il avait été envoyé uniquement aux brebis perdues de la maison d'Israël, et cependant, tandis qu'Il disait cela, Il montrait quelles étaient les brebis perdues de la maison d'Israël en guérissant une femme païenne qui crut (Mat. 15).

Ce que Christ fit en faveur de la femme cananéenne, Il était aussi désireux de le faire à l'époque de Josué, en faveur de n'importe quel habitant du monde qui croirait. Quiconque ne s'accrocherait pas obstinément à ses idoles serait rassemblé dans la bergerie d'Israël. Le salut était pour tous ceux qui l'accepteraient, mais ils devaient devenir des Israélites authentiques.

Israël, un peuple à part

C'est pour cette raison qu'il fut interdit aux Israélites de se confédérer avec les habitants de la terre. Toute alliance ou fédération implique une ressemblance, une égalité, l'union de deux pouvoirs similaires. Mais, si Israël demeurait fidèle à son appel, il ne devrait rien avoir en commun avec les habitants de la terre. Il devait être un peuple à part, séparé seulement par la présence sanctifiante du Seigneur. Quand Dieu dit à Moïse: "Je marcherai Moi-même avec toi, et Je te donnerai du repos. Moïse Lui dit: Si Tu ne marches pas Toi-même avec nous, ne nous fais point partir d'ici. Comment sera-t-il donc certain que j'ai trouvé grâce à Tes yeux, moi et Ton peuple? Ne sera-ce pas quand Tu marcheras avec nous, et quand nous serons distingués, moi et Ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre?" (Ex. 33:14-16). Faire une alliance avec les nations qui les entouraient signifiait s'unir à elles, et ceci signifiait se séparer de la présence de Dieu. La présence de Dieu était la seule chose qui les maintenait séparés des nations, et Sa présence aurait dû avoir nécessairement cet effet. La présence de Dieu aura le même effet de nos jours, vu que Dieu ne change pas. Donc, la prétention que le peuple de Dieu n'avait pas besoin de se maintenir séparé des nations équivalait simplement à prétendre qu'ils n'avaient pas besoin de la présence de Dieu.

Le même principe était impliqué quand le peuple réclama un roi. Lisez ce récit dans 1 Samuel 8. Le peuple dit à Samuel: "Établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations". Ceci déplut à Samuel et blessa ses sentiments, mais le peuple insista: "Donne-nous un roi pour nous juger". Le Seigneur dit alors à Samuel: "Écoute la voix du peuple dans tout ce qu'il te dira; car ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est Moi qu'ils rejettent, afin que Je ne règne plus sur eux. Ils agissent à ton égard comme ils ont toujours agi depuis que Je les ai fait monter d'Égypte jusqu'à ce jour; ils M'ont abandonné, pour servir d'autres dieux". Alors Samuel, sur l'indication du Seigneur, exposa devant le peuple quelques-uns des maux qu'entraînerait un roi; mais ils refusèrent l'avertissement: "Non! dirent-ils, mais il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme toutes les nations".

Dans la Bible, "nations" signifie "païens". Le mot hébreu qu'on a l'habitude de traduire par "nations" ou "peuples", est identique à celui qui est traduit à d'autres endroits par "païens". Peut-être que le Psaume 96:5 éclairera le lecteur moderne: "Car tous les dieux des peuples sont des idoles, et l'Éternel a fait les cieux". Ici, il est évident que "peuples" signifie "païens". Dans le Psaume 2:1 nous lisons: "Pourquoi ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi les peuples?" La version King James traduit "païens" a lieu de "nations". Il est tout aussi déplacé de parler d'une "nation chrétienne" que de parler d'un "païen chrétien", ou d'un "chrétien incrédule et infidèle". "Nation" ou "peuple", que Dieu emploie en référence aux nations de cette terre, consiste en une collectivité de païens. Donc, ce que les Juifs demandaient, en fait, était ceci: "Il y aura un roi sur nous, et nous serons comme tous les païens". C'est ce qu'ils voulaient, vu que tous les autres peuples reconnaissaient d'autres dieux qui n'étaient pas l'Éternel, et tous les peuples de la terre, à l'exception d'Israël, avaient des rois. La traduction de la Bible en Danois dit bien dans 1 Samuel 8:20: "Nous serons nous aussi comme les païens".

Le plan de Dieu pour Israël était qu'il soit une nation. Nous avons tendance à voir ce qu'ils furent, en supposant que c'est ce qu'ils devaient être, et nous oublions que du début à la fin Israël refusa, à un degré plus ou moins grand, de marcher dans le conseil de Dieu. Nous voyons le peuple juif avec des juges, des fonctionnaires et toute la panoplie du gouvernement civil; mais nous devons nous souvenir que le pacte de Dieu prévoyait quelque chose de très différent, mais à cause de leur incrédulité, ils ne l'atteignirent jamais dans sa plénitude.

Israël, l'Église de Christ

Le mot "église" est d'un usage commun, cependant très peu, même parmi ceux qui l'emploient savent qu'elle vient d'un mot grec qui signifie "appelés", et qui s'applique à Israël plus qu'à toute autre institution. Israël constitue l'Église de Dieu: il avait été appelé d'Égypte. Dans l'Ancien Testament, il est appelé la "congrégation", c'est-à-dire, ceux qui formaient l'assemblée ou ceux qui s'étaient réunis, formant ainsi le troupeau du Seigneur, qui était son Berger. Dieu est connu comme le "Berger d'Israël" (Ps. 80:1). Étienne, dans son discours devant le sanhédrin, fit référence à Israël comme à "l'assemblée au désert" [Act. 7:38, littéralement "ecclesia", la même parole que dans Mat. 18:17].

Il n'y a qu'une Église, car l'Église est le corps de Christ (Éph. 1:19-23), et il n'y qu'un corps (Éph. 4:4). Cette Église unique est composée de ceux qui écoutaient et suivaient la voix de Christ, car Il dit: "Mes brebis entendent Ma voix; Je les connais, et elles Me suivent" (Jn 10:27). Cette Église dans le désert était donc identique à l' Église authentique de Christ à n'importe quelle époque. Ainsi le démontre Hébreux 3:2-6. En lisant le texte, souvenez-vous que "la maison de Dieu" c'est "l'Église du Dieu vivant" (1 Tim. 3:15). Le texte dit que Christ fut fidèle à la maison de Dieu, comme Moïse le fut. Moïse fut un serviteur fidèle dans la maison de Dieu, et Christ en tant que Fils, fut fidèle à cette même maison, "et Sa maison, c'est nous, pourvu que nous retenions jusqu'à la fin la ferme confiance et l'espérance dont nous nous glorifions". Jésus fut appelé à sortir d'Égypte, selon ce qui est écrit: "J'ai appelé Mon Fils hors d'Égypte" (Mat. 2:15). Il était la Tête et le Dirigeant de l'armée qui sortit avec Moïse (1 Cor. 10:1-10). Christ et Moïse furent en compagnie et en communion, et quiconque participe de Christ doit reconnaître en Moïse, un frère dans le Seigneur.

Ces faits sont de la plus grande importance, car en étudiant le plan de Dieu pour Israël, nous comprenons quel est le vrai modèle pour l'Église de Dieu en tout temps et jusqu'à la fin. Nous ne pouvons pas évoquer de manière indiscriminée ce que fit Israël, comme modèle de ce que nous devrions faire, vu qu'Israël se rebella contre Dieu à plusieurs occasions, et son histoire est plus un récit d'apostasie que de foi; mais nous pouvons et devons étudier les promesses et les reproches que Dieu lui fit, puisque ce que Dieu avait pour eux est ce qu'Il a pour nous aussi.

L'Église, le royaume

Le peuple d'Israël constituait un royaume depuis le commencement, des siècles avant que Saül soit élu pour régner sur eux, vu que l'Église de Dieu est Son royaume et ceux qui le forment sont Ses enfants. La "famille de Dieu" est composée des citoyens d'Israël (Éph. 2:19 et 12). Christ, avec Son Père, est assis sur "le trône de la grâce", et l'Église authentique ne reconnaît que Lui comme Seigneur. L'apôtre Jean, écrivant à l'Église s'inclut comme "votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus" (Apoc. 1:9). Christ affirma Lui-même qu'Il était Roi, le Roi des Juifs (Mat. 27:11), et Il reçut un hommage en tant que "Roi d'Israël" (Jn 1:49). Mais, s'Il déclara être Roi, Jésus affirma: "Mon royaume n'est pas de ce monde… Si Mon royaume était de ce monde, Mes serviteurs auraient combattu pour Moi afin que Je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant Mon royaume n'est point d'ici-bas" (Jn 18:36). De la même manière que le royaume de Christ n'est pas de ce monde, il en est de même de Son Église, Son corps, et les personnes qu'Il a choisies et appelées du monde ne doivent pas faire partie du monde, bien qu'elles y vivent. Elles ne doivent entrer dans aucun type d'alliance avec le monde, quelle qu'en soit la raison. Leur unique mission dans le monde est d'être la lumière du monde, le sel qui doit préserver le monde autant que possible. Ils ne doivent pas plus faire partie du monde que la lumière ne le fait avec les ténèbres où elle brille. "Qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres?" (2 Cor. 6:14). Sur la terre, il n'y a que deux classes: l'Église et le monde. Mais quand l'Église fait une alliance avec le monde, que ce soit formellement ou bien en adoptant les méthodes et les principes du monde, il n'existe alors qu'une seule classe: le monde. Cependant, par la grâce de Dieu, il y a toujours eu quelques fidèles, même aux époques de grande apostasie.

Ce n'est pas une théocratie

Il est fréquent d'entendre parler d'Israël comme d'une théocratie. C'était certainement ce que Dieu aurait voulu qu'il soit, et ce qu'il aurait dû être, mais qui, dans le vrai sens du mot, ne le fut jamais. Ce ne fut pas une théocratie, surtout pas quand Israël demanda un roi terrestre: "Nous serons comme tous les païens", car en le faisant, ils rejetaient Dieu comme Roi. Il est vraiment très étrange que certaines personnes se réfèrent à ce qu'Israël fit en opposition directe aux dispositions de Dieu, comme justification des agissements similaires de l'Église d'aujourd'hui, et leur rejet de Dieu comme l'évidence qu'ils étaient dirigés par Sa puissance.

"Théocratie" est une combinaison de deux mots grecs. Il signifie littéralement "le gouvernement de Dieu". Donc, une authentique théocratie est un corps dont Dieu est le souverain unique et absolu. On a rarement vu un tel gouvernement sur cette terre, et jamais bien longtemps. Il existait une vraie théocratie quand Adam fut d'abord formé et placé en Éden, quand "Dieu vit tout ce qu'Il avait fait; et voici, cela était très bon" (Gen. 1:31). Dieu forma Adam de la poussière de la terre, et le plaça au-dessus de toutes les œuvres de Ses mains. Il domina "sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre" (Gen. 1:26). En conséquence, tout pouvoir lui avait été donné. Bien qu'étant dans la meilleure situation, couronné de gloire et d'honneur, Adam n'était que poussière, n'ayant pas en lui de pouvoir supérieur à celui de la poussière qu'il foulait. Aussi, le grand pouvoir qui fut manifesté en lui n'était pas son pouvoir mais celui de Dieu agissant en lui. Dieu était le souverain absolu, mais Il lui plaisait, pour tout ce qui concernait cette terre, révéler Sa puissance à travers l'homme. Tant que dura la loyauté d'Adam à Dieu, il y eut donc une théocratie parfaite sur cette terre.

Depuis lors, il n'y eut plus jamais une telle théocratie puisque la chute de l'homme impliquait la reconnaissance de Satan comme dieu de ce monde. Mais individuellement, elle exista dans sa perfection en Christ, le second Adam, dont le cœur était la loi de Dieu, et en qui demeurait toute la plénitude de la divinité corporellement. Quand Christ aura restauré la terre et toutes choses comme au commencement, et qu'il y aura un seul troupeau et un seul Berger, un Roi sur toute la terre, il y aura une théocratie parfaite. Alors, la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme maintenant au ciel. Mais aujourd'hui, c'est le temps de la préparation. Christ réunit un peuple dans lequel Il voit son caractère reproduit, un peuple dans les cœurs duquel Il demeure par la foi, afin que chaque personne puisse, comme Lui, être remplie "jusqu'à toute la plénitude de Dieu" (Éph. 3:17-19). Ces personnes réunies constituent l'Église de Christ qui, comme un tout, est "la plénitude de Celui qui remplit tout en tous" (Éph. 1:22 et 23). Aussi, quand la vraie théocratie est avant tout dans le cœur des personnes qui, jour après jour disent sincèrement à leur Père céleste: "A toi, Éternel, le règne", la multitude des croyants –l'Église- quand elle est parfaitement unie dans un même esprit par le Saint-Esprit, elle constitue la seule vraie théocratie qui ait existé sur cette terre. Quand l'Église apostasie, elle tente de régir par des alliances avec le monde, en exhibant une forme de gouvernement théocratique, mais elle n'est qu'une forme; en fait c'est une falsification dépourvue de la puissance divine, tandis que les authentiques disciples de Dieu, peu nombreux et dispersés dans le monde entier, ignorés des nations, donnent l'exemple d'une vraie théocratie.

Par le prophète qui ouvrit sa bouche pour maudire mais prononça des bénédictions, Dieu dit au peuple d'Israël: "C'est un peuple qui a sa demeure à part, et qui ne fait point partie des nations" (Nomb. 23:9). Le peuple de Dieu est dans le monde sans être du monde, dans le dessein de montrer l'excellence de Celui qui l'y appela des ténèbres. Mais il ne peut atteindre ce but que lorsque Dieu est suprêmement reconnu. L'Église est le royaume où Dieu seul règne, et tout le pouvoir de l'Église est le pouvoir de Dieu, la loi d'amour de Dieu étant son unique loi. L'Église écoute et suit uniquement la voix de Dieu, et la voix de Dieu seule parle à travers elle.

Aucun modèle terrestre

Rien, parmi les royaumes terrestres ou les associations quelles qu'elles soient, ne peut servir de modèle à la vraie théocratie, qui est l'Église et le royaume de Dieu; ni aucun acte des organisations humaines ne peut être pris comme un précédent. Elle est unique et singulière dans tous ses aspects, et elle ne dépend d'aucune des choses dont les gouvernements humains dépendent pour maintenir l'unité; malgré tout, c'est une merveilleuse exhibition d'ordre, d'harmonie et de pouvoir qui émerveille tout le monde.

Mais si le vrai peuple de Dieu doit se maintenir séparé, n'étant pas compté parmi les nations, et en conséquence n'a aucune part à la direction ou à la gestion des gouvernements civils, il n'en est pas pour autant indifférent au bien-être de l'humanité. Comme sa Tête divine, l'Église a pour mission de faire le bien. Comme Adam fut fils de Dieu (Luc 3:38), toute l'humanité, bien que déchue, constitue Ses enfants –prodigues-, donc les enfants authentiques de Dieu considéreront tous les êtres humains comme leurs frères, pour le bien-être et le salut desquels ils doivent travailler. Leur tâche consiste à révéler Dieu en tant que Père plein de tendresse et d'amour au monde, et ils ne peuvent le faire qu'en permettant que l'amour de Dieu brille dans leurs propres vies.

Le royaume de Christ sur la terre a pour seule tâche de montrer, par sa ressemblance pratique avec Christ, son allégeance envers Lui et de Le proclamer Seigneur de tout, et en montrant Ses excellences, en invitant le plus grand nombre à l'accepter comme Roi, de manière qu'ils soient disposés à Le recevoir quand Il viendra sur le trône de Sa gloire (Mat. 25:31). Christ Roi, vint au monde dans le but de donner témoignage de la vérité (Jn 18:37), et Ses sujets fidèles n'ont pas d'autre objectif dans la vie; la puissance par laquelle ils rendent témoignage est celle du Saint-Esprit qui demeure en eux (Act. 1:8), et jamais celle qui dérive de se mélanger aux luttes politiques ou sociales. Durant une brève période après l'ascension de Christ au ciel, l'Église se conforma à ce pouvoir, et la prédication de l'Évangile du royaume fit de grands progrès; mais très tôt, l'Église commença à adopter des méthodes mondaines, et ses membres commencèrent à s'intéresser aux affaires de l'État, au lieu de celles du royaume de Christ, et ils perdirent cette puissance. Mais il faut se rappeler qu'à l'époque où l'Église maintint sa loyauté, le même pouvoir qui fut donné à Israël des centaines d'années auparavant, était présent avec le même but; et aussi rappeler que le peuple par lequel Dieu se manifesta ainsi aux deux occasions, fut le même, "car le salut vient des Juifs" (Jn 4:22).

"Les voies de Dieu sont parfaites" (Ps. 18:31), et nous savons que "tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on Le craigne" (Ecc. 3:14). Aussi, bien qu'Israël, à l'époque des juges et des prophètes démontra être infidèle à sa mission, et que l'Église elle-même, depuis les jours des apôtres, a été dans une grande mesure inconsciente de ses privilèges et de ses devoirs, le moment est arrivé où l'Église –l'Israël de Dieu- doit sortir du monde et se maintenir séparée; ainsi libre de toute attache terrestre, et ne dépendant que de Christ, elle brillera comme l'aurore, "belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières" (Cant. 6:10).

"Et j'entendis du ciel une autre voix qui disait: Sortez du milieu d'elle, Mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n'ayez point de part à ses fléaux". "Et l'Esprit et l'Épouse disent: Viens. Et que celui qui entend dise: Viens" (Apoc. 18:4; 22:16).