L'alliance éternelle

Chapitre 7

L'alliance scellée (I)

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Nous arrivons maintenant à un point où le récit déploie devant nous la promesse de la façon la plus merveilleuse. Plus de vingt-cinq ans s'étaient déjà écoulés depuis que, pour la première fois, Dieu avait fait Sa promesse à Abraham. Sans doute, ce retard avait-il quelque chose à voir avec le faux pas que le patriarche fit quand il écouta la suggestion de son épouse. Depuis lors, treize ans étaient passés. Mais Abraham avait appris la leçon, et maintenant Dieu lui réapparut.

"Lorsque Abraham fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l'Éternel apparut à Abram, et lui dit: Je suis le Dieu Tout-Puissant. Marche devant Ma face, et sois intègre" (Gen. 17:1). "Intègre" peut être traduit par "droit" ou "sincère". Comme dans 1 Chronique 12:33, 38 (KJV), la signification est "sincérité de cœur", d'un cœur résolu, sans hypocrisie. Dieu dit à Abraham d'être sincère avec Lui, de ne pas avoir un cœur partagé. En se rappelant l'histoire dont il est question dans le chapitre précédent [la naissance d'Ismaël], nous comprenons mieux la force de ce commandement. C'est la même chose avec l'expression "Je suis le Dieu Tout-Puissant". Dieu voulait faire savoir à Abraham qu'Il était absolument capable d'accomplir Sa promesse, et donc, il devait avoir confiance en Dieu avec un cœur parfait et sans partage.

Un nouveau nom

"Abraham tomba sur sa face; et Dieu lui parla, en disant: Voici Mon alliance, que Je fais avec toi. Tu deviendras père d'une multitude de nations. On ne t'appellera plus Abram; mais ton nom sera Abraham, car Je te rends père d'une multitude" (Gen. 17:3-5).

Abram signifie "père exalté". Le père d'Abraham fut païen, et son nom faisait peut-être référence à l'adoration païenne sur les hauteurs. Mais en lui ajoutant une syllabe, il devint Abraham, "père d'une multitude". Par le changement du nom d'Abraham et Jacob, nous avons l'indice du nouveau nom que le Seigneur donne à tous ceux qui lui appartiennent (Apoc. 2:17; 3:12). "On t'appelleras d'un nom nouveau, que la bouche de l'Éternel déterminera" (És. 62:2).

Le fait qu'un nouveau nom soit donné à Abraham n'indique pas que la promesse ait été changée, mais Dieu lui donne la sécurité qu'il en sera réellement ainsi. Son nom lui rappellerait continuellement la promesse de Dieu. Il y en a qui ont suggéré que le changement de nom était l'évidence d'un changement de la nature de la promesse qui lui avait été faite; mais une étude approfondie de la promesse, telle qu'elle lui avait été faite avant, démontre l'impossibilité de cette supposition. Après son changement de nom, Abraham continua d'être le même qu'avant. Il s'appelait Abram quand il crut en Dieu, et ce fut ainsi que sa foi lui fut imputée à justice. Ce fut dans cette condition que Dieu lui prêcha l'Évangile en disant: "Toutes les familles de la terre seront bénies en toi".

Nous pouvons éviter toute distinction dans les promesses de Dieu à Abraham, en disant que certaines d'entre elles étaient temporelles, et se référaient à sa postérité charnelle, et d'autres au domaine spirituel et éternel. "Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui a été prêché par nous au milieu de vous… n'a pas été oui et non, mais c'est oui qui a été en Lui; car pour ce qui concerne toutes les promesses de Dieu, c'est en Lui qu'est le oui; c'est pourquoi encore l'Amen par Lui est prononcé par nous à la gloire de Dieu" (2 Cor. 1:19 et 20). "Or, les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n'est pas dit: et aux postérités, comme s'il s'agissait de plusieurs, mais en tant qu'il s'agit d'une seule: et à ta postérité, c'est-à-dire, à Christ" (Gal. 3:16). Observez que les promesses, aussi nombreuses qu'elles peuvent être, viennent toutes par Christ. Notez aussi que les apôtres parlent d'Abraham, et pas d'Abram. Nous ne lisons jamais que certaines promesses furent faites à Abram et d'autres à Abraham. Sur ce thème, les paroles d'Étienne sont encore plus significatives: "Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu'il était en Mésopotamie, avant qu'il s'établît à Charran" (Act. 7:2). Bien qu'il s'appelait alors Abram, la promesse fut la même que lorsqu'il s'appelait Abraham. Toute référence à lui dans la Bible, depuis la première promesse, se fait toujours par son nom Abraham. C'est pourquoi nous le faisons nous aussi dans ce livre.

Après avoir changé son nom, le Seigneur poursuit par ses mots: "J'établirai Mon alliance entre Moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations: ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle Je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi, Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et Je serai leur Dieu" (Gen. 17:7 et 8).

Analysons plus en détails les différentes parties de cette alliance. La partie centrale est la terre promise, ou terre de Canaan. C'est la même qu'au chapitre 15. La promesse est faite qu'elle serait donnée à Abraham et à sa descendance. L'alliance est la même que précédemment, mais maintenant elle est scellée. Observez bien:

Une « alliance perpétuelle »

Le Seigneur fit avec lui cette alliance éternelle que nous trouvons souvent citée dans la Bible. C'est "par le sang d'une alliance éternelle" que les êtres humains sont rendus "capables de toute bonne œuvre pour l'accomplissement de Sa volonté" (Héb. 13:20 et 21). Maintenant, la terre promise dans cette alliance éternelle, devait être

Une « possession éternelle »

Elle devait l'être, tant pour Abraham que pour sa descendance. Observez que la terre fut promise comme possession éternelle tant à Abraham lui-même qu'à sa descendance. Il ne s'agit pas seulement d'un héritage que sa famille posséderait pour toujours, mais, aussi bien Abraham que sa postérité, devraient l'avoir comme une "possession éternelle".

Mais pour jouir d'une terre comme possession éternelle, il est absolument nécessaire d'avoir

La vie éternelle

Donc, dans cette alliance nous trouvons la promesse de la vie éternelle. Il ne peut en être autrement, vu que quand l'alliance fut conclue pour la première fois, tel que nous le trouvons au chapitre 15, il est annoncé à Abraham qu'il devrait mourir avant de posséder la terre; et Étienne affirme que Dieu "ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser le pied". Donc, ce n'est que par la résurrection qu'elle pouvait lui appartenir; et lorsque la résurrection aura lieu, la mort n'existera plus. "Tous nous serons changés, en un instant, en un clin d'œil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité" (1 Cor. 15:51-53).

Nous voyons que l'établissement de cette alliance avec Abraham fut simplement la prédication de l'Évangile éternel du royaume, et l'assurance lui fut donnée de sa participation à ses bénédictions. La promesse à Abraham fut une promesse de l'Évangile, et rien de plus que cela, et l'alliance était l'alliance éternelle dont Christ est le Médiateur. Sa portée est identique à celle de la nouvelle alliance, selon ce que Dieu dit: "Je mettrai mes lois dans leur esprit, Je les écrirai dans leur cœur; et Je serai leur Dieu, et ils seront Mon peuple" (Héb. 8:10). Mais ceci sera plus évident à mesure que nous avancerons.

Une alliance de justice

Le Seigneur dit à Abraham, après lui avoir répété l'alliance qu'Il faisait avec lui et ses descendants: "Tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez; et ce sera un signe d'alliance entre Moi et vous" (Gen. 17:11). Dans l'épître aux Romains, nous découvrons davantage sur la signification de ceci. Il est nécessaire d'avoir l'Écriture devant les yeux afin de la comprendre, car nous en ferons d'abondantes citations. "Que dirons-nous donc qu'Abraham, notre père, a obtenu selon la chair? Si Abraham avait été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. Car que dit l'Écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due; et à celui qui ne fait point d'œuvre, mais qui croit en Celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice. De même David exprime le bonheur de l'homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres: Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché! Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis? Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. Comment donc lui fut-elle imputée? Etait-ce après, ou avant sa circoncision? Il n'était pas encore circoncis, il était incirconcis. Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût aussi imputée, et le père des circoncis, qui ne sont pas seulement circoncis, mais encore qui marchent sur les traces de la foi de notre père Abraham quand il était incirconcis. En effet, ce n'est pas par la loi que l'héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c'est par la justice de la foi" (Rom. 4:1-13).

Le thème de tout le chapitre est Abraham et la justification par la foi. L'apôtre signale le cas d'Abraham comme une illustration de la vérité présentée dans le chapitre précédent: l'homme est rendu juste par la foi. La bénédiction qu'Abraham reçut est celle du pardon des péchés par la justice de Jésus-Christ (vers. 6-9). Donc, quand nous lisons dans Genèse 12:2 et 3 qu'en Abraham toutes les familles de la terre seraient bénies, nous savons que la bénédiction consiste dans le pardon des péchés. Ainsi, Actes 3:25 et 26 le démontre d'une manière digne de foi: "Vous êtes les fils des prophètes et de l'alliance que Dieu a traitée avec nos pères, en disant à Abraham: Toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité. C'est à vous premièrement que Dieu, ayant suscité son serviteur, l'a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de ses iniquités".

La bénédiction vint à Abraham par le moyen de Jésus-Christ et de Sa croix, telle qu'elle vient à nous. "Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, … -afin que la bénédiction d'Abraham eût pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l'Esprit qui avait été promis" (Gal. 3:13 et 14). Nous voyons donc que les bénédictions de l'alliance faite avec Abraham sont simplement les bénédictions de l'Évangile, et elles nous viennent par la croix de Christ. Rien n'a été promis dans cette alliance, si ce n'est ce qui peut être obtenu par l'Évangile, et tout ce que contient l'Évangile est dans l'alliance.

La circoncision fut donnée comme sceau de cette alliance. Mais la promesse, l'alliance, la bénédiction, et tout le reste, vint à Abraham avant qu'il ne soit circoncis. Donc, il est tout autant le père de ceux qui ne sont pas circoncis que de ceux qui le sont. Les Juifs et les Gentils partagent à égalité l'alliance et ses bénédictions, s'ils ont la foi d'Abraham.

Nous lisons dans Genèse 17:11 que la circoncision fut donnée comme sceau (signe) de l'alliance que Dieu fit avec Abraham. Mais dans Romains 4:11 il nous est dit qu'elle lui fut donnée comme sceau de la justice qu'il eut par la foi. C'est-à-dire, qu'elle fut la garantie et le sceau du pardon des péchés par la justice de Christ. Donc, nous savons que l'alliance, de laquelle la circoncision était le signe, était une alliance de justice par la foi; que toutes les bénédictions promises en lui le sont sur la base de la justice par Jésus-Christ. Une fois de plus, ceci nous montre que l'alliance faite avec Abraham était l'Évangile, et rien de plus que l'Évangile.

La terre attribuée

Mais dans cette alliance la promesse centrale a quelque chose à voir avec la terre. Toute la terre de Canaan fut promise à Abraham et à sa descendance comme possession éternelle. Alors, le signe ou sceau de l'alliance –la circoncision- le sceau de la justice qu'il obtint par la foi, lui fut donné. Ceci démontre que ce n'est que par la foi que la terre de Canaan peut être possédée. Et nous avons ici une leçon pratique sur la possession des choses par la foi. Beaucoup pensent que posséder quelque chose par la foi c'est la posséder d'une manière purement imaginaire. Mais la terre de Canaan était un pays réel, qui devait être possédé de façon réelle et effective. Cependant, ce n'est que par la foi qu'il sera possible de l'avoir. Tel fut réellement le cas. C'est par la foi que le peuple traversa le fleuve Jourdain, et "c'est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après qu'on en eut fait le tour pendant sept jours" (Héb. 11:30). Mais nous reparlerons de cela plus loin.

La terre de Canaan promise dans l'alliance, devait être possédée par la justice de la foi, qui avait été scellée par la circoncision –sceau de l'alliance-. Maintenant, lisons une fois de plus Romains 4:13, et vous verrez ce que cette promesse implique. "En effet, ce n'est pas par la loi que l'héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c'est par la justice de la foi". Cette justice de la foi fut scellée par la circoncision, comme l'affirme le verset 11; et la circoncision était le sceau de l'alliance à propos duquel nous avons lu Genèse 17. Donc, nous savons que la promesse de la terre contenue dans l'alliance faite avec Abraham était en réalité une promesse de toute la terre. En considérant l'accomplissement de la promesse nous verrons encore plus clairement que la promesse se référant à la terre de Canaan incluait la possession de toute la terre; nous indiquons ici seulement le fait en passant.

L'alliance dans laquelle cette terre était promise, comme nous l'avons vu, était une alliance de justice. C'était une alliance éternelle, qui promettait un héritage éternel tant à Abraham qu'à sa descendance, et qui signifiait la vie éternelle pour les deux. Mais la grâce règne par la justice pour la vie éternelle, uniquement par Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. 5:21). La vie éternelle ne peut s'obtenir qu'en cheminant dans la justice. De plus, vu que la promesse fut faite tant à Abraham qu'à sa descendance, et qu'il fut dit à Abraham qu'il mourrait bien avant que l'héritage lui soit donné, il est évident que ce n'est que par la résurrection qu'il pouvait l'obtenir, chose qui ne survient qu'au retour du Seigneur quand l'immortalité nous est donnée. Maintenant, la venue de Christ a lieu "aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes" (Act. 3:21). Nous en arrivons toujours au fait que l'héritage de la justice qui fut promis à Abraham comme une possession éternelle, et qui devrait être obtenue après la résurrection, quand le Seigneur viendra, n'est rien d'autre que la "nouvelle terre, où la justice règnera" (2 Pier. 3:13), terre que nous attendons selon la promesse de Dieu.